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LE CRIME DE TIJUCO.

prême injustice n’eût pas été définitivement consommée !

Et, dans tout cela, que devenait Fragoso ?

Eh bien ! l’aimable garçon était couvert de caresses ! Benito, Manoel, Minha l’en accablaient, et Lina ne les lui épargnait pas ! Il ne savait à qui entendre, et il se défendait de son mieux ! Il n’en méritait pas tant ! Le hasard seul avait tout fait ! Lui devait-on même un remerciement, parce qu’il avait reconnu en Torrès un capitaine des bois ? Non, assurément. Quant à l’idée qu’il avait eue d’aller rechercher la milice à laquelle Torrès avait appartenu, il ne semblait pas qu’elle pût améliorer la situation, et, quant à ce nom d’Ortega, il n’en connaissait même pas la valeur !

Brave Fragoso ! Qu’il le voulût ou non, il n’en avait pas moins sauvé Joam Dacosta !

Mais, en cela, quelle étonnante succession d’événements divers, qui avaient tous tendu au même but : la délivrance de Fragoso, au moment où il allait mourir d’épuisement dans la forêt d’Iquitos, l’accueil hospitalier qu’il avait reçu à la fazenda, la rencontre de Torrès à la frontière brésilienne, son embarquement sur la jangada, et, enfin, cette circonstance que Fragoso l’avait déjà vu quelque part !

« Eh bien, oui ! finit par s’écrier Fragoso, mais ce