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LA JANGADA

En cet instant, les cris redoublèrent, des cris de pitié qui trahissait la sympathique émotion de toute cette foule. Quelques minutes encore, c’était tout ce qui restait à vivre au condamné !

Fragoso, fou de douleur, s’élança hors de la chambre !… Il voulait revoir une dernière fois son bienfaiteur, qui allait mourir !… Il voulait se jeter au-devant du funèbre cortège, l’arrêter en criant : « Ne tuez pas ce juste ! ne le tuez pas !… »

Mais déjà le juge Jarriquez avait disposé le nombre obtenu au-dessus des premières lettres du paragraphe, en le répétant autant de fois qu’il était nécessaire, comme suit :

4 3 2 5 1 3 4 3 2 5 1 3 4 3 2 5 1 3 4 3 2 5 1 3

P h y j s l y d d q f d z x g a s g z z q q e h

Puis, reconstituant les lettres vraies en remontant dans l’ordre alphabétique, il lut :

Le véritable auteur du vol de…

Un hurlement de joie lui échappa ! Ce nombre, 432513, c’était le nombre tant cherché ! Le nom d’Ortega lui avait permis de le refaire ! il tenait enfin la clef du document, qui allait incontestablement démontrer l’innocence de Joam Dacosta, et, sans en lire davantage, il se précipita hors de son cabinet, puis dans la rue, criant :