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FRAGOSO.

— Elle apparaîtra !… il le faut !… il le faut !

— Encore une fois, avez-vous le chiffre ?…

— Non ! répondit Fragoso, mais, je vous le répète, Torrès n’a pas menti !… Un de ses compagnons avec lequel il était étroitement lié est mort, il y a quelques mois, et il n’est pas douteux que cet homme lui ait remis le document qu’il venait vendre à Joam Dacosta !

— Non ! répondit le juge Jarriquez, non !… cela n’est pas douteux… pour nous, mais cela n’a pas paru certain pour ceux qui disposent de la vie du condamné !… Laissez-moi ! »

Fragoso, repoussé, ne voulait pas quitter la place.

À son tour, il se traînait aux pieds du magistrat.

« Joam Dacosta est innocent ! s’écria-t-il. Vous ne pouvez le laisser mourir ! Ce n’est pas lui qui a commis le crime de Tijuco ! C’est le compagnon de Torrès, l’auteur du document ! C’est Ortega !… »

À ce nom, le juge Jarriquez bondit. Puis, lorsqu’une sorte de calme eut succédé dans son esprit à la tempête qui s’y déchaînait, il retira le document de sa main crispée, il l’étendit sur sa table, il s’assit, et, passant la main sur ses yeux :

« Ce nom !… dit-il… Ortega !… Essayons ! »

Et le voilà, procédant avec ce nouveau nom, rapporté par Fragoso, comme il avait déjà fait avec les