pas qu’il l’ait chassé ! Non ! cela ne me suffit pas ! C’est sur la dénonciation de Torrès qu’on est venu arrêter mon père, n’est-il pas vrai ?
— Oui ! sur sa dénonciation !
— Eh bien, s’écria Benito, dont le bras menaçant se dirigea vers la rive gauche du fleuve, il faut que je retrouve Torrès ! Il faut que je sache comment il est devenu maître de ce secret !… Il faut qu’il me dise s’il le tient du véritable auteur du crime ! Il parlera !… ou s’il refuse de parler… je sais ce qu’il me restera à faire !
— Ce qu’il restera à faire… à moi comme à toi ! ajouta plus froidement, mais non moins résolument Manoel.
— Non… Manoel… non !… à moi seul !
— Nous sommes frères, Benito, répondit Manoel, et c’est là une vengeance qui nous appartient à tous deux ! »
Benito ne répliqua pas. À ce sujet, évidemment, son parti était irrévocablement pris.
En ce moment, le pilote Araujo, qui venait d’observer l’état du fleuve, s’approcha des deux jeunes gens.
« Avez-vous décidé, demanda-t-il, si la jangada doit rester au mouillage de l’île Muras ou gagner le port de Manao ? »