être retrouvées !… Mon père, il faut fuir à l’instant !… Le juge lui-même nous en a donné le conseil !
— Il le faut ! ajouta Manoel.
— Fuir ! moi !… Fuir une seconde fois !… Fuir encore !… »
Et, les bras croisés, la tête haute, Joam Dacosta recula lentement jusqu’au fond de la chambre.
« Jamais ! » dit-il d’une voix si ferme que Benito et Manoel restèrent interdits.
Les deux jeunes gens ne s’attendaient pas à cette résistance. Jamais ils n’auraient pu penser que les obstacles à cette évasion viendraient du prisonnier lui-même.
Benito s’avança vers son père, et, le regardant bien en face, il lui prit les deux mains, non pour l’entraîner, mais pour qu’il l’entendît et se laissât convaincre.
« Jamais, avez-vous dit, mon père ?
— Jamais.
— Mon père, dit alors Manoel, — moi aussi j’ai le droit de vous donner ce nom, — mon père, écoutez-nous ! Si nous vous disons qu’il faut fuir sans perdre un seul instant, c’est que, si vous restiez, vous seriez coupable envers les autres, envers vous-même !
— Rester, reprit Benito, c’est attendre la mort, mon père ! L’ordre d’exécution peut arriver d’un moment