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LA DERNIÈRE NUIT.

riage de sa fille Minha avec Manoel allait être décidé ! Pouvait-il laisser s’accomplir cette union sous un faux nom, sans faire connaître à ce jeune homme les mystères de sa vie ? Non ! Aussi s’était-il résolu, sur l’avis du juge Ribeiro, à venir réclamer la révision de son procès, à provoquer la réhabilitation qui lui était due. Il était parti avec tous les siens, et alors venait l’intervention de Torrès, l’odieux marché proposé par ce misérable, le refus indigné du père de livrer sa fille pour sauver son honneur et sa vie, puis la dénonciation, puis l’arrestation !…

En ce moment, la fenêtre, violemment repoussée du dehors, s’ouvrit brusquement.

Joam Dacosta se redressa ; les souvenirs de son passé s’évanouirent comme une ombre.

Benito avait sauté dans la chambre ; il était devant son père, et, un instant après, Manoel, franchissant la baie qui avait été dégagée de ses barreaux, apparaissait près de lui.

Joam Dacosta allait jeter un cri de surprise ; Benito ne lui en laissa pas le temps.

« Mon père, dit-il, voici cette fenêtre dont la grille est brisée !… Une corde pend jusqu’au sol !… Une pirogue attend dans le canal, à cent pas d’ici !… Araujo est là pour la conduire loin de Manao, sur l’autre rive de l’Amazone, où vos traces ne pourront