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LA DERNIÈRE NUIT.

tation, sa comparution devant le jury, sa condamnation, malgré tous les efforts de son avocat, les dernières heures écoulées dans la cellule des condamnés à mort de la prison de Villa-Rica, son évasion accomplie dans des conditions qui dénotaient un courage surhumain, sa fuite à travers les provinces du Nord, son arrivée à la frontière péruvienne, puis l’accueil qu’avait fait au fugitif, dénué de ressources et mourant de faim, l’hospitalier fazender Magalhaës !

Le prisonnier revoyait tous ces événements, qui avaient si brutalement brisé sa vie ! Et alors, abstrait dans ses pensées, perdu dans ses souvenirs, il n’entendait pas un bruit particulier qui se produisait sur le mur extérieur du vieux couvent, ni les secousses d’une corde accrochée aux barreaux de sa fenêtre, ni le grincement de l’acier mordant le fer, qui eussent attiré l’attention d’un homme moins absorbé.

Non, Joam Dacosta continuait à revivre, au milieu des années de sa jeunesse, après son arrivée dans la province péruvienne. Il se revoyait à la fazenda, le commis, puis l’associé du vieux Portugais, travaillant à la prospérité de l’établissement d’Iquitos.

Ah ! pourquoi, dès le début, n’avait-il pas tout dit à son bienfaiteur ? Celui-là n’aurait pas douté de lui ! C’était la seule faute qu’il eût à se reprocher ! Pour-