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LA DERNIÈRE NUIT.

d’encourageantes paroles. Cette indomptable énergie, il la puisait non seulement dans le sentiment de son innocence, mais aussi dans la foi en ce Dieu qui a mis une part de sa justice au cœur des hommes. Non ! Joam Dacosta ne pouvait être frappé pour le crime de Tijuco !

Presque jamais, d’ailleurs, il ne parlait du document. Qu’il fût apocryphe ou non, qu’il fût de la main de Torrès ou écrit par l’auteur réel de l’attentat, qu’il contînt ou ne contînt pas la justification tant cherchée, ce n’était pas sur cette douteuse hypothèse que Joam Dacosta prétendait s’appuyer. Non ! il se regardait comme le meilleur argument de sa cause, et c’était à toute sa vie de travail et d’honnêteté qu’il avait voulu donner la tâche de plaider pour lui !

Ce soir-là donc, la mère et la fille, relevées par ces viriles paroles qui les pénétraient jusqu’au plus profond de leur être, s’étaient retirées plus confiantes qu’elles ne l’avaient été depuis l’arrestation. Le prisonnier les avait une dernière fois pressées sur son cœur avec un redoublement de tendresse. Il semblait qu’il eût ce pressentiment que le dénouement de cette affaire, quel qu’il fût, était prochain.

Joam Dacosta, demeuré seul, resta longtemps im-