Page:Verne - La Jangada, 1881, t2.djvu/185

Cette page a été validée par deux contributeurs.

178
LA JANGADA

libre enfin, serait confié à leurs soins, Araujo savait bien qu’ils étaient gens à tout oser, même à risquer leur vie pour sauver la vie de leur maître.

Dans l’après-midi, tout était prêt pour le départ. Il n’y avait plus qu’à attendre la nuit.

Mais, avant d’agir, Manoel voulut revoir une dernière fois le juge Jarriquez. Peut-être le magistrat aurait-il quelque chose de nouveau à lui apprendre sur le document.

Benito, lui, préféra rester sur la jangada, afin d’y attendre le retour de sa mère et de sa sœur.

Manoel se rendît donc seul à la maison du juge Jarriquez, et il fut reçu immédiatement.

Le magistrat, dans ce cabinet qu’il ne quittait plus, était toujours en proie à la même surexcitation. Le document, froissé par ses doigts impatients, était toujours là, sur sa table, sous ses yeux.

« Monsieur, lui dit Manoel, dont la voix tremblait en formulant cette question, avez-vous reçu de Rio-de-Janeiro ?…

— Non… répondit le juge Jarriquez, l’ordre n’est pas arrivé… mais d’un moment à l’autre !…

— Et le document ?

— Rien ! s’écria le juge Jarriquez. Tout ce que mon imagination a pu me suggérer… je l’ai essayé… et rien !