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LA JANGADA

projetée que sur les mesures qu’il conviendrait de prendre ensuite pour assurer la sécurité du fugitif.

Araujo approuva tout. Il se chargea, la nuit venue, sans exciter aucune défiance, de conduire la pirogue à travers le canal, dont il connaissait parfaitement le tracé jusqu’à l’endroit où il devait attendre l’arrivée de Joam Dacosta. Regagner ensuite l’embouchure du rio Negro n’offrirait aucune difficulté, et la pirogue passerait inaperçue au milieu des épaves qui en descendaient incessamment le cours.

Sur la question de suivre l’Amazone jusqu’au confluent de la Madeira, Araujo ne souleva, non plus, aucune objection. C’était aussi son opinion, qu’on ne pouvait prendre un meilleur parti. Le cours de la Madeira lui était connu sur un espace de plus de cent milles. Au milieu de ces provinces peu fréquentées, si, par impossible, les poursuites étaient dirigées dans cette direction, on pourrait les déjouer facilement, dût-on s’enfoncer jusqu’au centre de la Bolivie, et, pour peu que Joam Dacosta persistât à vouloir s’expatrier, son embarquement s’opérerait avec moins de danger sur le littoral du Pacifique que sur celui de l’Atlantique.

L’approbation d’Araujo était bien faite pour rassurer les deux jeunes gens. Ils avaient confiance dans le bon sens pratique du pilote, et ce n’était pas