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LA JANGADA

y finir cette existence si cruellement et si injustement agitée.

Partout où il irait, sa famille le suivrait sans une hésitation, sans un regret, et, dans sa famille, il fallait comprendre Manoel, qui serait lié à lui par d’indissolubles liens. C’était là une question qui n’avait même plus à être discutée.

« Partons, dit Benito. Il faut que tout soit prêt avant la nuit, et nous n’avons pas un instant à perdre. »

Les deux jeunes gens revinrent à bord en suivant la berge du canal jusqu’au rio Negro. Ils s’assurèrent ainsi que le passage de la pirogue y serait parfaitement libre, qu’aucun obstacle, barrage d’écluse ou navire en réparation, ne pouvait l’arrêter. Puis, descendant la rive gauche de l’affluent, en évitant les rues déjà fréquentées de la ville, ils arrivèrent au mouillage de la jangada.

Le premier soin de Benito fut de voir sa mère. Il se sentait assez maître de lui-même pour ne rien laisser paraître des inquiétudes qui le dévoraient. Il voulait la rassurer, lui dire que tout espoir n’était pas perdu, que le mystère du document allait être éclairci, qu’en tout cas l’opinion publique était pour Joam Dacosta, et que, devant ce soulèvement qui se faisait en sa faveur, la justice accorderait tout le