dans son cerveau à l’état d’obsession : c’était d’aller à la recherche de cette milice à laquelle avait appartenu l’ex-capitaine des bois, et de découvrir quel avait pu être cet auteur du document chiffré, qui s’était avoué coupable de l’attentat de Tijuco. Or, la partie de la province des Amazones dans laquelle opérait cette milice, l’endroit même où Fragoso l’avait rencontrée quelques années auparavant, la circonscription à laquelle elle appartenait, n’étaient pas très éloignés de Manao. Il suffisait de descendre le fleuve pendant une cinquantaine de milles, vers l’embouchure de la Madeira, affluent de sa rive droite, et là, sans doute, se rencontrerait, le chef de ces « capitaës do mato », qui avait compté Torrès parmi ses compagnons. En deux jours, en trois jours au plus, Fragoso pouvait s’être mis en rapport avec les anciens camarades de l’aventurier.
« Oui, sans doute, je puis faire cela, se répétait-il, mais après ? Que résultera-t-il de ma démarche, en admettant qu’elle réussisse ? Quand nous aurons la certitude qu’un des compagnons de Torrès est mort récemment, cela prouvera-t-il qu’il est l’auteur du crime ? Cela démontrera-t-il qu’il a remis à Torrès un document dans lequel il avoue son crime et en décharge Joam Dacosta ? Cela donnera-t-il enfin la clef du document ? Non ! Deux hommes seuls en