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LES PREMIERS INSTANTS.

— Et la preuve de son innocence, mon père peut-il enfin la produire au grand jour ?

— Cette preuve, Benito, elle est toute dans ces vingt-trois ans d’une vie honorable et honorée, toute dans cette démarche de Joam Dacosta, qui venait dire à la justice : « Me voici ! Je ne veux plus de cette fausse existence ! Je ne veux plus me cacher sous un nom qui n’est pas mon vrai nom ! Vous avez condamné un innocent ! Réhabilitez-le ! »

— Et mon père… lorsqu’il te parlait ainsi… tu n’as pas un instant hésité à le croire ? s’écria Benito.

— Pas un instant, frère ! » répondit Manoel.

Les mains des deux jeunes gens se confondirent dans une même et cordiale étreinte.

Puis Benito allant au padre Passanha :

« Padre, lui dit-il, emmenez ma mère et ma sœur dans leurs chambres ! Ne les quittez pas de toute la journée ! Personne ici ne doute de l’innocence de mon père, personne… vous le savez ! Demain, ma mère et moi nous irons trouver le chef de police. On ne nous refusera pas l’autorisation d’entrer dans la prison. Non ! ce serait trop cruel ! Nous reverrons mon père, et nous déciderons quelles démarches il faut faire pour arriver à obtenir sa réhabilitation ! »

Yaquita était presque inerte ; mais cette vaillante