« Le corps ! le corps ! »
Tels furent les premiers mots, les seuls qui s’échappèrent de la bouche de Benito.
« Le voilà ! répondit Fragoso, en montrant la pirogue qui revenait au radeau avec le cadavre de Torrès.
— Mais toi, Benito, que t’est-il arrivé ? demanda Manoel. Est-ce le manque d’air ?…
— Non ! dit Benito. Un puraqué qui s’est jeté sur moi !… Mais ce bruit ?… cette détonation ?…
— Un coup de canon ! répondit Manoel. C’est un coup de canon qui a ramené le cadavre à la surface du fleuve ! »
En ce moment, la pirogue venait d’accoster le radeau. Le corps de Torrès, recueilli par les Indiens, reposait au fond. Son séjour dans l’eau ne l’avait pas encore défiguré. Il était facilement reconnaissable. À cet égard, pas de doute possible.
Fragoso, agenouillé dans la pirogue, avait déjà commencé à déchirer les vêtements du noyé, qui s’en allaient en lambeaux.
En cet instant, le bras droit de Torrès, mis à nu, attira l’attention de Fragoso. En effet, sur ce bras apparaissait distinctement la cicatrice d’une ancienne blessure, qui avait dû être produite par un coup de couteau.