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LA JANGADA

Personne n’ignore ce que sont ces sortes d’anguilles à peau noirâtre et gluante, munies le long du dos et de la queue d’un appareil qui, composé de lames jointes par de petites lamelles verticales, est actionné par des nerfs d’une très grande puissance. Cet appareil, doué de singulières propriétés électriques, est apte à produire des commotions redoutables. De ces gymnotes, les uns ont à peine la taille d’une couleuvre, les autres mesurent jusqu’à dix pieds de longueur ; d’autres, plus rares, en dépassent quinze et vingt sur une largeur de huit à dix pouces.

Les gymnotes sont assez nombreux, aussi bien dans l’Amazone que dans ses affluents, et c’était une de ces « bobines » vivantes, longue de dix pieds environ, qui, après s’être détendue comme un arc, venait de se précipiter sur le plongeur.

Benito comprit tout ce qu’il avait à craindre de l’attaque de ce redoutable animal. Son vêtement était impuissant à le protéger. Les décharges du gymnote, d’abord peu fortes, devinrent de plus en plus violentes, et il allait en être ainsi jusqu’au moment où, épuisé par la dépense du fluide, il serait réduit à l’impuissance.

Benito, ne pouvant résister à de toiles commotions, était tombé à demi sur le sable. Ses membres