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LA JANGADA

une excavation considérable, creusée bien au-dessous du niveau normal.

Le milieu liquide était plus obscur alors, mais la limpidité de ces eaux transparentes laissait pénétrer encore assez de lumière pour que Benito pût distinguer suffisamment les objets épars sur le fond du fleuve et se diriger avec quelque sûreté. D’ailleurs le sable, semé de mica, semblait former une sorte de réflecteur, et l’on aurait pu en compter les grains, qui miroitaient comme une poussière lumineuse.

Benito allait, regardait, sondait les moindres cavités avec son épieu. Il continuait à s’enfoncer lentement. On lui filait de la corde à la demande, et comme les tuyaux qui servaient à l’aspiration et à l’expiration de l’air n’étaient jamais raidis, le fonctionnement de la pompe s’opérait dans de bonnes conditions.

Benito s’écarta ainsi, de manière à atteindre le milieu du lit de l’Amazone, là où se trouvait la plus forte dépression.

Quelquefois une profonde obscurité s’épaississait autour de lui, et il ne pouvait plus rien voir alors, même dans un rayon très restreint. Phénomène purement passager : c’était le radeau qui, se déplaçant au-dessus de sa tête, interceptait complètement les rayons solaires et faisait la nuit à la place