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UN COUP DE CANON.

nent avec continuité, n’hésite pas à donner le signal, et nous te remonterons à la surface ; puis, tu recommenceras, s’il le faut ; mais, du moins, tu seras quelque peu habitué à te mouvoir dans ces profondes couches du fleuve. »

Benito promit à Manoel de tenir compte de ses recommandations, dont il comprenait l’importance. Il était frappé surtout de ce que la présence d’esprit pouvait lui manquer, au moment où elle lui serait peut-être le plus nécessaire.

Benito serra la main de Manoel ; la sphère du scaphandre fut de nouveau vissée à son cou, puis la pompe recommença à fonctionner, et le plongeur eut bientôt disparu sous les eaux.

Le radeau s’était alors écarté d’une quarantaine de pieds de la rive gauche ; mais, à mesure qu’il s’avançait vers le milieu du fleuve, comme le courant pouvait le faire dériver plus vite qu’il n’aurait fallu, les ubas s’y amarrèrent, et les pagayeurs le soutinrent contre la dérive, de manière à ne le laisser se déplacer qu’avec une extrême lenteur.

Benito fut descendu très doucement et retrouva le sol ferme. Lorsque ses semelles foulèrent le sable du lit, on put juger, à la longueur de la corde de halage, qu’il se trouvait par une profondeur de soixante-cinq à soixante-dix pieds. Il y avait donc là