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LA JANGADA.

et même si cela ne te plaît pas, me promettre, toi, Benito, en personne, d’oublier…

— D’oublier ?…

— D’oublier que tu es chasseur, monsieur mon frère !

— Quoi ! tu me défends ?…

— Je te défends de tirer tous ces charmants oiseaux, ces perroquets, ces perruches, ces caciques, ces couroucous, qui volent si joyeusement à travers la forêt ! Même interdiction pour le menu gibier, dont nous n’avons que faire aujourd’hui ! Si quelque onça, jaguar ou autre nous approche de trop près, soit !

— Mais… fit Benito.

— Sinon, je prends le bras de Manoel, et nous nous sauverons, nous nous perdrons, et tu seras obligé de courir après nous !

— Hein ! as-tu bonne envie que je refuse ? s’écria Benito, en regardant son ami Manoel.

— Je le crois bien ! répondit le jeune homme.

— Eh bien, non ! s’écria Benito. Je ne refuse pas ! J’obéirai pour que tu enrages ! En route ! »

Et les voilà tous les quatre, suivis du noir, qui s’enfoncent sous ces beaux arbres, dont l’épais feuillage empêchait les rayons du soleil d’arriver jusqu’au sol.