à moi de vous faire les honneurs de la forêt, vous qui n’êtes qu’un étranger dans ces régions du Haut-Amazone ! Nous sommes ici chez nous, et vous me laisserez remplir mes devoirs de maîtresse de maison !
— Chère Minha, répondit le jeune homme, vous ne serez pas moins maîtresse de maison dans notre ville de Bélem qu’à la fazenda d’Iquitos, et, là-bas comme ici…
— Ah çà ! Manoel, et toi, ma sœur, s’écria Benito, vous n’êtes pas venus pour échanger de tendres propos, j’imagine !… Oubliez pour quelques heures que vous êtes fiancés !…
— Pas une heure ! pas un instant ! répliqua Manoel.
— Cependant, si Minha te l’ordonne !
— Minha ne me l’ordonnera pas !
— Qui sait ? dit Lina en riant.
— Lina a raison ! répondit Minha, qui tendit la main à Manoel. Essayons d’oublier !… Oublions !… Mon frère l’exige !… Tout est rompu, tout ! Tant que durera cette promenade, nous ne sommes pas fiancés ! Je ne suis plus la sœur de Benito ! Vous n’êtes plus son ami !…
— Par exemple ! s’écria Benito.
— Bravo ! bravo ! Il n’y a plus que des étrangers ici ! répliqua la jeune mulâtresse en battant des mains.