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TOUTE UNE FORET PAR TERRE.

sauf peut-être celui de Manoel. Le jeune homme eût préféré sans doute quelque rapide steam-boat, et pour cause.

Mais, si rudimentaire, si primitif que dut être le moyen de transport imaginé par Joam Garral, il allait permettre d’emmener un nombreux personnel, et de s’abandonner au courant du fleuve dans d’exceptionnelles conditions de confort et de sécurité.

Ce serait, en vérité, comme une partie de la fazenda d’Iquitos qui se détacherait de la rive et descendrait l’Amazone, avec tout ce qui constitue une famille de fazenders, maîtres et serviteurs, dans leurs habitations, dans leurs carbets, dans leurs cases.

L’établissement d’Iquitos comprenait, sur l’ensemble de son exploitation, quelques-unes de ces magnifiques forêts, qui sont, pour ainsi dire, inépuisables dans cette partie centrale du Sud-Amérique.

Joam Garral s’entendait parfaitement à l’aménagement de ces bois, riches des essences les plus précieuses et les plus variées, très propres aux ouvrages de menuiserie, d’ébénisterie, de mâturerie, de charpente, et il en tirait annuellement des bénéfices considérables.

En effet, le fleuve n’était-il pas là pour convoyer les produits des forêts amazoniennes, plus sûrement