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LA JANGADA.

toute une année passée à Bélem, si loin de la fazenda, d’être revenu avec son jeune ami dans la maison paternelle ; d’avoir revu son père, sa mère, sa sœur ; de s’être retrouvé, chasseur déterminé qu’il était, au milieu de ces forêts superbes du Haut-Amazone, dont l’homme, pendant de longs siècles encore, ne pénétrera pas tous les secrets.

Minha avait alors vingt ans. C’était une charmante jeune fille, brune avec de grands yeux bleus, de ces yeux qui s’ouvrent sur l’âme. De taille moyenne, bien faite, une grâce vivante, elle rappelait le beau type de Yaquita. Un peu plus sérieuse que son frère, bonne, charitable, bienveillante, elle était aimée de tous. À ce sujet, on pouvait interroger sans crainte les plus infimes serviteurs de la fazenda. Par exemple, il n’eût pas fallu demander à l’ami de son frère, à Manoel Valdez, « comment il la trouvait ! » Il était trop intéressé dans la question et n’aurait pas répondu sans quelque partialité.

Le dessin de la famille Garral ne serait pas achevé, il lui manquerait quelques traits, s’il n’était parlé du nombreux personnel de la fazenda.

Au premier rang, il convient de nommer une vieille négresse de soixante ans, Cybèle, libre par la volonté de son maître, esclave par son affection pour lui et les siens et qui avait été la nourrice de Yaquita. Elle