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VOLEUR ET VOLÉ.

des morceaux de racines, tout ce qui pouvait lui servir de projectiles. Avait-il donc l’espoir de blesser grièvement le singe ? Non ! Il ne savait plus ce qu’il faisait. À vrai dire, la rage de son impuissance lui ôtait toute raison. Peut-être espéra-t-il un instant que, dans un mouvement que ferait le guariba pour passer d’une branche à une autre, l’étui lui échapperait, voire même que, pour ne pas demeurer en reste avec son agresseur, il s’aviserait de le lui lancer à la tête ! Mais non ! Le singe tenait à conserver l’étui et tout en le serrant d’une main, il lui en restait encore trois pour se mouvoir.

Torrès, désespéré, allait définitivement abandonner la partie et revenir vers l’Amazone, lorsqu’un bruit de voix se fit entendre. Oui ! un bruit de voix humaines.

On parlait à une vingtaine de pas de l’endroit où s’était arrêté le capitaine des bois.

Le premier soin de Torrès fut de se cacher dans un épais fourré. En homme prudent, il ne voulait pas se montrer, sans savoir au moins à qui il pouvait avoir affaire.

Palpitant, très intrigué, l’oreille tendue, il attendait, lorsque tout à coup retentit la détonation d’une arme à feu.

Un cri lui succéda, et le singe, mortellement frappé,