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LA JANGADA.

en mode mineur. Une autre flûte lui répondit. Cet échange de phrases musicales dura pendant deux ou trois minutes, et les Muras disparurent.

Fragoso, dans un moment de bonne humeur, avait tenté de leur répondre par une chanson de sa façon ; mais Lina s’était trouvée là fort à propos pour lui mettre la main sur la bouche et l’empêcher de montrer ses petits talents de chanteur, qu’il prodiguait volontiers.

Le 2 août, à trois heures du soir, la jangada arrivait, à vingt lieues de là, à l’entrée de ce lac Apoara, qui alimente de ses eaux noires le rio du même nom, et deux jours après, vers cinq heures, elle s’arrêtait à l’entrée du lac Coary.

Ce lac est un des plus grands qui soient en communication avec l’Amazone, et il sert de réservoir à différents rios. Cinq ou six affluents s’y jettent, s’y emmagasinent, s’y mélangent, et un étroit furo les déverse dans la principale artère.

Après avoir entrevu les hauteurs du hameau de Tahua-Miri, monté sur ses pilotis, comme sur des échasses, pour se garder contre l’inondation des crues qui envahissent souvent ces basses grèves, la jangada s’amarra afin de passer la nuit.

La halte se fit en vue du village de Coary une douzaine de maisons assez délabrées, bâties au mi-