Page:Verne - La Jangada, 1881, t1.djvu/196

Cette page a été validée par deux contributeurs.

188
LA JANGADA.

« Vous ne me remettez pas, messieurs ? leur demanda-t-il.

— Attendez donc, répondit Benito. Monsieur Torrès, si j’ai bonne mémoire, c’est vous qui, dans la forêt d’Iquitos, aviez quelques difficultés avec un guariba ?…

— Moi-même, messieurs ! répondit Torrès. Depuis six semaines, j’ai continué à descendre l’Amazone, et je viens de passer la frontière en même temps que vous !

— Enchanté de vous revoir, dit Benito ; mais vous n’avez point oublié que je vous avais proposé de venir à la fazenda de mon père ?

— Je ne l’ai point oublié, répondit Torrès.

— Et vous auriez bien fait d’accepter mon offre, monsieur ! Cela vous eût permis d’attendre notre départ en vous reposant de vos fatigues, puis de descendre avec nous jusqu’à la frontière ! Autant de journées de marche d’épargnées !

— En effet, répondit Torrès.

— Notre compatriote ne s’arrête pas à la frontière, dit alors Fragoso. Il va jusqu’à Manao.

— Eh bien, répondit Benito, si vous voulez venir à bord de la jangada, vous y serez bien reçu, et je suis sûr que mon père se fera un devoir de vous y donner passage.