Page:Verne - La Jangada, 1881, t1.djvu/182

Cette page a été validée par deux contributeurs.

174
LA JANGADA.

qu’un jour à Tabatinga, et nous en repartirons demain dès l’aube.

— Je ne perdrai pas une minute, répondit Fragoso. Le temps de prendre les ustensiles de ma profession, et je débarque !

— Allez ! Fragoso, répondit Joam Garral. Puissent les reis pleuvoir dans votre poche !

— Oui, et c’est là une bienfaisante pluie qui n’a jamais tombé à verse sur votre dévoué serviteur ! »

Cela dit, Fragoso s’en alla rapidement.

Un instant après, la famille, moins Joam Garral, prit terre. La jangada avait pu s’approcher assez près de la berge pour que le débarquement se fit sans peine. Un escalier en assez mauvais état, taillé dans la falaise, permit aux visiteurs d’arriver à la crête du plateau.

Yaquita et les siens furent reçus par le commandant du fort, un pauvre diable, qui connaissait cependant les lois de l’hospitalité, et leur offrit de déjeuner dans son habitation. Çà et là allaient et venaient les quelques soldats du poste, tandis que, sur le seuil de la caserne, apparaissaient, avec leurs femmes, qui sont de sang ticuna, quelques enfants, assez médiocres produits de ce mélange de race.

Au lieu d’accepter le déjeuner du sergent, Yaquita