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LA CHASSE AU MÉTÉORE

abusent un peu du battage, nos deux astronomes, à propos d’une découverte devant laquelle il n’y a pas lieu de se découvrir. »

Mais, si le Punch, journal satirique, ne négligeait pas cette occasion d’exercer sa verve comique, ses confrères plus sérieux, bien loin de l’imiter, saisirent ce prétexte pour faire étalage d’une science aussi fraîchement acquise que capable de rendre jaloux les professionnels les mieux cotés.

« Kepler, disait le Whaston Standard, croyait que les bolides provenaient des exhalaisons terrestres. Il paraît plus vraisemblable que ces phénomènes ne sont que des aérolithes, chez lesquels on a toujours constaté des traces d’une violente combustion. Du temps de Plutarque, on les considérait déjà comme des masses minérales, qui se précipitent sur le sol de notre globe, lorsqu’ils sont happés au passage par l’attraction terrestre. L’étude des bolides montre que leur substance n’est aucunement différente des minéraux connus de nous et que, dans leur ensemble, ils comprennent à peu près le tiers des corps simples. Mais quelle diversité présente l’agrégation de ces éléments ! Les parcelles constitutives y sont tantôt menues comme de la limaille, tantôt grosses comme des pois ou des noisettes, d’une dureté remarquable et montrant à la cassure des traces de cristallisation. Il en est même qui sont uniquement formés de fer à l’état natif, parfois mélangé de nickel, et que l’oxydation n’a jamais altéré. »

Très juste, en vérité, ce que le Whaston Standard portait à la connaissance de ses lecteurs. Pendant ce temps, le Daily Whaston insistait sur l’attention que les savants anciens ou modernes ont toujours accordée à l’étude de ces pierres météoriques. Il disait :

« Diogène d’Apollonie ne cite-t-il pas une pierre incandescente, grande comme une meule de moulin, dont la chute près de l’Ægos-Potamos épouvanta les habitants de la Thrace ? Qu’un pareil bolide vienne à tomber sur le clocher de Saint-Andrew, et il le démolira de son faîte à sa base. Qu’on nous permette, à ce propos, de citer quelques-unes de ces pierres qui, venues des profondeurs de l’espace, et entrées dans le cercle d’attraction de la terre, furent recueillies sur son sol : avant l’ère chrétienne, la pierre de foudre, que l’on adorait comme le symbole de Cybèle en Galatie et qui fut transportée à Rome, ainsi qu’une