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LA CHASSE AU MÉTÉORE

ment Francis Gordon, futur mari de Jenny Hudelson, était destiné à devenir le plus heureux des hommes. Sans vouloir humilier les misses américaines, il est permis de dire qu’on aurait peine à découvrir dans toute l’Amérique une jeune fille plus charmante, plus attrayante, plus douée de l’ensemble des perfections humaines. Jenny Hudelson était une aimable blonde, aux yeux bleus, à la carnation fraîche, avec de jolies mains, de jolis pieds et une jolie taille, autant de grâce que de modestie, autant de bonté que d’intelligence. Aussi Francis Gordon l’appréciait-il non moins qu’elle appréciait Francis Gordon. Le neveu de Mr Dean Forsyth possédant d’ailleurs l’estime de la famille Hudelson, cette sympathie réciproque n’avait pas tardé à se traduire sous la forme d’une demande en mariage, très favorablement accueillie. Ces jeunes gens se convenaient si bien ! Ce serait le bonheur que Jenny apporterait au ménage avec ses qualités familiales. Quant à Francis Gordon, il serait doté par son oncle, dont la fortune lui reviendrait un jour. Mais laissons de côté ces perspectives d’héritages. Il ne s’agit pas de l’avenir, mais du présent, qui réunit toutes les conditions de la plus parfaite félicité.

Donc, Francis Gordon est fiancé à Jenny Hudelson, Jenny Hudelson est fiancée à Francis Gordon, et le mariage, dont on fixera la date prochainement, sera célébré par les soins du révérend O’Garth, à Saint-Andrew, la principale église de cette heureuse ville de Whaston.

Vous pouvez être sûrs qu’il y aura grande affluence à cette cérémonie nuptiale, car les deux familles jouissent d’une estime qui n’a d’égale que leur honorabilité, et non moins sûrs que la plus gaie, la plus vive, la plus envolée ce jour-là, sera cette mignonne Loo[1], qui servira de demoiselle d’honneur à sa sœur chérie. Elle n’a pas quinze ans, Loo, et elle a bien le droit d’être jeune. Elle profite de ce droit-là, je vous en réponds. C’est le mouvement perpétuel au physique, et, au moral, une espiègle qui ne se gêne pas pour plaisanter les « planètes à papa » ! Mais on lui pardonne tout, on lui passe tout. Le docteur Hudelson est le premier à rire, et, pour unique punition, met un baiser sur ses fraîches joues de fillette.

  1. Diminutif de Louisa