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LA CHASSE AU MÉTÉORE

trement voir dans ce but son « oncle » et banquier, et jamais il ne consentit, ni à quitter son sixième étage de la rue Cassette, ni à se séparer de la Vve Thibaut, ancienne bouchère, qui fut jusqu’au bout sa bavarde servante.

Sept jours après l’avis que M. Lecœur en avait donné à son correspondant de Paris, la perte définitive du bolide avait été connue du monde entier. C’est le croiseur français qui, en revenant d’Upernivik, en transmit la nouvelle au premier poste sémaphorique, d’où elle se répandit avec une rapidité extraordinaire dans tout l’univers.

Si l’émotion fut grande, ainsi qu’on peut le supposer, elle se calma d’elle-même assez rapidement. On se trouvait devant un fait accompli et le mieux était de n’y plus songer. En peu de temps, les humains furent repris par leurs soucis personnels et cessèrent de penser au messager céleste qui avait eu cette fin déplorable, on pourrait même dire un peu ridicule.

On n’en parlait déjà plus, quand le Mozik jeta l’ancre, le 18 septembre, dans le port de Charleston.

Outre ses passagers primitifs, le Mozik débarquait au retour une passagère qu’il n’avait pas embarquée à l’aller. Cette passagère n’était autre que Mrs Arcadia Walker, qui, désireuse de manifester plus longtemps sa reconnaissance à son ancien mari, s’était empressée de s’installer dans la cabine laissée vacante par M. de Schnack.

De la Caroline du Sud à la Virginie, la distance n’est pas considérable, et, d’ailleurs, les railroads ne manquent point aux États-Unis. Dès le lendemain, 19 septembre, Mr Dean Forsyth, Francis et Omicron, d’une part, Mr Sydney Hudelson et sa fille, de l’autre, étaient de retour, les premiers à la tour d’Elisabeth street, les seconds au donjon de Moriss street.

On les y attendait avec impatience. Mrs Hudelson et sa fille Loo se trouvaient à la gare de Whaston, ainsi que l’estimable Mitz, lorsque le train de Charleston déposa les voyageurs. Et vraiment ceux-ci ne purent qu’être très touchés de l’accueil qui leur fut fait. Francis Gordon embrassa sa future belle-mère, et Mr Dean Forsyth serra cordialement la main de Mrs Hudelson comme si rien ne s’était passé. Aucune allusion n’aurait même été faite aux jours pénibles, si miss Loo, toujours un peu inquiète, n’avait voulu en avoir le cœur net.