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LA CHASSE AU MÉTÉORE

— Ils ont du toupet, déclara Zéphyrin Xirdal. Mais, ce jeune homme et cette jeune fille, que viennent-ils faire là-dedans ? »

Complaisamment, Mr Seth Stanfort exposa la situation. Il raconta par quel concours de circonstances les deux fiancés avaient dû renoncer à l’union projetée, et par suite de quelle absurde jalousie la haine corse qui séparait les deux familles avait brisé leur tendre et touchante affection.

Xirdal paraissait bouleversé. Il regardait de l’air dont il eût regardé des phénomènes, Mr Dean Forsyth retenu par Francis Gordon, et Jenny Hudelson entourant de ses faibles bras son père exaspéré. Quand Mr Seth Stanfort eut achevé son récit, Zéphyrin Xirdal, sans le moindre remerciement, lança un retentissant : « Cette fois, c’est trop fort ! » et s’éloigna à grandes enjambées. Avec flegme, le narrateur suivit des yeux cet original, puis il n’y pensa plus et retourna près de Mrs Arcadia Walker, exceptionnellement délaissée pendant ce court dialogue.

Cependant, Zéphyrin Xirdal était hors de lui. D’une main brutale, il ouvrit la porte de sa maisonnette.

« Mon oncle, dit-il à M. Lecœur que cette virulente apostrophe fit sursauter, je déclare que c’est trop dégoûtant.

— Qu’y a-t-il encore ? demanda M. Lecœur.

— Le bolide, parbleu ! Toujours le maudit bolide !

— Qu’a-t-il fait, le bolide ?

— Il est en train de dévaster la terre, tout bonnement. On n’en est plus à compter ses méfaits. Non content de transformer tous ces gens-là en voleurs, il risque de mettre le monde à feu et à sang, en semant partout la discorde et la guerre. Ce n’est pas tout. Ne voilà-t-il pas qu’il se permet de brouiller les fiancés ? Allez la voir, cette petite fille, mon oncle, et vous m’en donnerez des nouvelles. Elle est à faire pleurer une borne kilométrique. Tout ça décidément, c’est trop dégoûtant.

— Quels fiancés ? De quelle jeune fille parles-tu ? Qu’est-ce que c’est encore que cette nouvelle lubie ? » interrogea M. Lecœur ahuri.

Zéphyrin Xirdal dédaigna de répondre.

« Oui, c’est trop dégoûtant, proclama-t-il avec violence. Ah mais ! ça ne va pas se passer comme ça. Je vais les mettre tous d’accord, et raide encore !

— Quelle sottise vas-tu faire, Zéphyrin ?