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LA CHASSE AU MÉTÉORE

Malheureusement, pendant les jours qui suivirent, cette violente tempête qui secoua si fort les navires en rade d’Upernivik balaya toute la surface de la terre, et Xirdal redouta à bon droit que la trajectoire du bolide ne fût modifiée par un aussi furieux déplacement de l’air.

Cette tempête, on le sait, se calma dans la nuit du 18 au 19, mais les habitants de la cabane ne profitèrent pas de ce répit que leur laissaient les éléments déchaînés. L’attente de l’événement ne leur permit pas de prendre une minute de repos. Après avoir assisté au coucher du soleil, un peu après dix heures et demie du soir, ils virent l’astre du jour se lever moins de trois heures plus tard, dans un ciel presque entièrement dégagé de nuages.

La chute se produisit juste à l’heure annoncée par Zéphyrin Xirdal. À six heures cinquante-sept minutes trente-cinq secondes, une lueur fulgurante déchira l’espace dans la région du Nord, aveuglant à demi M. Lecœur et son filleul, qui, depuis une heure, surveillaient l’horizon du pas de leur porte. Presque en même temps, on entendit un bruit sourd, et la terre trembla sous un choc formidable. Le météore était tombé.

Quand Zéphyrin Xirdal et M. Lecœur eurent retrouvé l’usage de la vue, ce qu’ils aperçurent tout d’abord, ce fut le bloc d’or à cinq cents mètres de distance.

« Il brûle, balbutia M. Lecœur en proie à une forte émotion.

— Oui », répondit Zéphyrin Xirdal, incapable d’articuler autre chose que ce bref monosyllabe. Peu à peu, cependant, ils retrouvèrent le calme et se rendirent un compte plus exact de ce qu’ils voyaient.

Le bolide était bien, en effet, à l’état incandescent. Sa température devait dépasser mille degrés et être voisine du point de fusion. Sa composition de nature poreuse se révélait nettement, et c’est justement que l’observatoire de Greenwich l’avait comparé à une éponge. Traversant la surface, dont le refroidissement dû au rayonnement assombrissait la teinte, une infinité de canaux permettaient au regard de pénétrer dans l’intérieur, où le métal était porté au rouge vif. Divisés, croisés, recourbés en mille méandres, ces canaux formaient un nombre immense d’alvéoles, d’où l’air surchauffé s’échappait en sifflant.

Bien que le bolide eût été fortement aplati dans sa chute verti-