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XV

DÉNOUEMENT.

L’aviso Santa-Fé, ayant à bord la relève de l’Île des États, avait quitté Buenos-Ayres le 19 février. Favorisée par le vent et la mer, sa traversée fut très rapide. La grande tempête qui dura près de huit jours ne s’était pas étendue au delà du détroit de Magellan. Le commandant Lafayate n’en avait donc point ressenti les effets, et il arrivait à destination avec une avance de plusieurs jours.

Douze heures plus tard, la goélette eût été loin déjà, et il aurait fallu renoncer à poursuivre la bande Kongre et son chef.

Le commandant Lafayate ne laissa pas s’écouler cette nuit sans avoir été mis au courant de ce qui s’était passé depuis trois mois à la baie d’Elgor.

Si Vasquez était à bord, ses camarades Felipe et Moriz n’étaient pas avec lui. Son compagnon, personne ne le connaissait et ne savait son nom.

Le commandant Lafayate les fit venir tous deux dans le carré, et sa première parole fut :

« Le phare a été allumé tardivement, Vasquez.

— Il y a neuf semaines qu’il ne fonctionnait plus… répondit Vasquez.

— Neuf semaines !… Que signifie cela ?… Vos deux camarades ?…

— Felipe et Moriz sont morts !… Vingt et un jours après le départ du Santa-Fé le phare n’avait plus qu’un seul gardien, mon commandant ! »