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LE PHARE DU BOUT DU MONDE.

— Ils ne partiront pas !

— Aujourd’hui. Mais demain ?…

— Ni demain, ni jamais », affirma Vasquez. « Venez », ajouta-t-il en sortant de l’anfractuosité où ils étaient restés en embuscade.

Davis, très intrigué, suivit Vasquez, qui s’avançait prudemment vers le phare. En peu d’instants, ils furent au pied du tertre servant de piédestal à la tour. Arrivé là, Vasquez, après une courte recherche, déplaça une roche qu’il fit pivoter sans trop d’effort.

« Glissez-vous là-dedans, dit-il à Davis, en lui désignant de la main le dessous du rocher. Voici une cachette que j’ai découverte par hasard pendant que j’étais au phare. Je ne me doutais pas alors qu’elle me servirait un jour. Ce n’est pas une caverne. C’est un simple trou dans lequel nous aurons peine à tenir tous les deux. Mais on pourrait passer mille fois devant notre porte sans deviner que la maison est habitée. »

Davis, obéissant à l’invitation, se laissa glisser dans la cavité, où le rejoignit immédiatement Vasquez. Serrés l’un contre l’autre au point de ne pouvoir bouger, ils se parlaient bouche à bouche, à mi-voix.

« Voici mon plan, dit Vasquez. Vous allez m’attendre ici.

— Vous attendre ? répéta Davis.

— Oui ; moi, je vais à la goélette.

— À la goélette, répéta encore Davis stupéfait.

— J’ai résolu que les gueux ne partiraient pas », déclara fermement Vasquez.

Il tira de sa vareuse deux paquets et un couteau.

« Voici une cartouche que j’ai faite avec notre poudre et un morceau de chemise. Avec un autre morceau de chemise et le reste de poudre, j’ai fabriqué une mèche, que voilà. Je mets le tout sur ma tête et je vais jusqu’à la goélette à la nage. Je me hisse le long du gouvernail, et, avec ce couteau, je creuse un trou sous la voûte, entre le gouvernail et l’étambot. Dans ce