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XII

AU SORTIR DE LA BAIE.

Ainsi que cela se produit souvent à la suite d’une forte tempête, l’horizon fut voilé de brumes dans la matinée du 25 février. Mais, en remontant, le vent avait calmi, et les indices d’un changement de temps étaient manifestes.

Ce jour-là, il fut décidé que la goélette quitterait son mouillage, et Kongre fit ses préparatifs d’appareillage pour l’après-midi. Il y avait lieu de croire que le soleil aurait alors dissipé les vapeurs accumulées à son lever. La marée qui devait descendre à six heures du soir favoriserait la sortie de la baie d’Elgor. La goélette arriverait à la hauteur du cap San Juan vers sept heures, et le long crépuscule de ces hautes latitudes lui permettrait de le doubler avant la nuit.

Assurément, elle aurait pu partir avec le jusant du matin, n’eût été la brume. En effet, tout était paré à bord, cargaison complétée, vivres en abondance, ceux qui provenaient du Century et ceux qui avaient été retirés des magasins du phare. Il ne restait dans l’annexe du phare que le mobilier et les ustensiles, dont Kongre ne voulait point embarrasser la cale suffisamment pleine. Bien qu’on l’eût allégée d’une partie de son lest, la goélette enfonçait de quelques pouces de plus que son tirant d’eau normal, et il n’eût pas été prudent de noyer davantage sa ligne de flottaison.

Un peu après midi, tandis qu’ils se promenaient dans l’enceinte, Carcante dit à Kongre :