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LE PHARE DU BOUT DU MONDE.

plusieurs années sur l’Île des États, y attiraient les navires et massacraient les survivants des naufrages, toutes celles des épaves qui avaient quelque valeur étant renfermées dans une caverne, en attendant que Kongre pût s’emparer d’un bâtiment. Survinrent les travaux de construction du phare, la bande fut contrainte d’abandonner la baie d’Elgor et de se réfugier au cap Saint-Barthélemy, à l’autre extrémité de l’Île des États, où personne ne soupçonnait sa présence.

Les travaux achevés, elle revint, il y avait de cela plus d’un mois et demi, mais alors elle était en possession d’une goélette venue s’échouer au cap Saint-Barthélemy, et dont l’équipage avait péri.

« Et comment se fait-il qu’elle ne soit pas encore partie avec la cargaison de ces pillards ? demanda John Davis.

— À cause des réparations importantes qui l’ont retenue jusqu’à présent… Mais, je m’en suis assuré par moi-même, Davis, les réparations sont terminées, le chargement est fait, et le départ devait avoir lieu ce matin même.

— Pour ?…

— Pour les îles du Pacifique, où ces bandits se croiront en sûreté et continueront leur métier de pirates.

— La goélette ne peut cependant sortir tant que durera cette tourmente…

— Assurément, répondit Vasquez, et, d’après l’aspect du temps, il est possible que ce retard se prolonge toute une semaine.

— Et, tant qu’ils seront là, Vasquez, le phare ne sera pas allumé ?…

— Non, Davis.

— Et d’autres bâtiments risquent de se perdre comme s’est perdu le Century ?

— Ce n’est que trop vrai.

— On ne pourrait donc pas signaler la côte aux marins qui s’en approchent pendant la nuit ?