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LE PHARE DU BOUT DU MONDE.

pouvait arriver avec la chaloupe ou le canot, ou même à pied en suivant le rivage. Transporter cet homme à la grotte, où il serait en sûreté, c’est ce que devait faire Vasquez, et c’est ce qu’il fit.

Après un trajet d’environ cent toises, qui exigea un quart d’heure, il se glissait dans l’entre-deux des roches, l’homme inerte chargé sur son dos, et l’étendait sur une couverture, la tête appuyée sur un paquet de vêtements.

L’homme n’était pas revenu à lui, mais il respirait. Toutefois, s’il n’avait aucune blessure apparente, ne s’était-il pas fracturé les bras ou les jambes en roulant sur les récifs ? C’est ce que craignait Vasquez, qui, dans un tel cas, n’aurait su que faire. Il le tâta, il fit mouvoir ses membres, et il lui sembla bien que tout le corps était intact.

Vasquez versa un peu d’eau dans une tasse, y mêla quelques gouttes d’eau-de-vie que contenait encore sa gourde, et introduisit une gorgée de ce breuvage entre les lèvres du naufragé ; puis il frictionna les bras et la poitrine, après avoir remplacé ses vêtements mouillés par ceux qu’il avait trouvés à la caverne des pirates.

Faire davantage était hors de son pouvoir.

Il eut enfin la satisfaction de voir que le malade reprenait connaissance. Celui-ci parvint même à se redresser, et, regardant Vasquez qui le soutenait entre ses bras, il dit d’une voix moins faible :

« À boire… à boire ! »

Vasquez lui tendit la tasse pleine d’eau et de brandevin.

« Ça va mieux ? demanda Vasquez.

— Oui !… Oui !… » répondit le naufragé.

Et, comme s’il eût rassemblé des souvenirs encore vagues dans son esprit :

« Ici ?… vous ?… où suis-je ? » ajouta-t-il en serrant faiblement la main de son sauveur.