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VASQUEZ.

loin… et où la retrouver au milieu des îles du Pacifique ?… »

On le voit, le brave Vasquez, s’oubliant lui-même, pensait toujours à ses camarades impitoyablement massacrés, à l’impunité dont jouiraient peut-être ces malfaiteurs après avoir abandonné l’île, et aux graves périls qui menaçaient la navigation sur ces parages depuis l’extinction du Phare du bout du Monde.

D’ailleurs, au point de vue matériel, et à la condition qu’on ne découvrît pas sa retraite, il était rassuré, depuis sa visite à la caverne des pirates.

Cette vaste caverne s’enfonçait profondément à l’intérieur de la falaise. C’est là que la bande s’était abritée pendant plusieurs années. C’est là qu’avaient été entassées toutes les épaves, or, argent, matières précieuses recueillis sur le littoral à mer basse. C’est là, enfin, que Kongre et les siens avaient passé de longs mois, vivant, d’abord, des provisions qu’ils possédaient au moment de leur débarquement, puis de celles procurées par un grand nombre de naufrages, dont plusieurs avaient été provoqués par eux.

De ces provisions, Vasquez ne prit que l’indispensable, de manière que Kongre et les autres ne s’aperçussent de rien : une petite caisse de biscuit de mer, un baril de corn-beef, un réchaud qui lui permettrait de faire du feu, une bouilloire, une tasse, une couverture de laine, une chemise et des bas de rechange, une capote cirée, deux revolvers avec une vingtaine de cartouches, un briquet, un fanal, de l’amadou. Il prit aussi deux livres de tabac pour sa pipe. D’ailleurs, d’après les propos qu’il avait entendus, les réparations de la goélette devaient durer plusieurs semaines, et il pourrait renouveler ses provisions.

Il convient de dire que, par précaution, trouvant l’étroite grotte qu’il occupait trop voisine de la caverne, et craignant d’y être découvert, il avait cherché un autre abri un peu plus éloigné et plus sûr.

C’est à cinq cents pas de là, sur le revers du littoral, au delà