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LA CAVERNE.

— Ne perdons pas de temps, reprit Carcante. La marée ne tardera pas à monter. Nous en profiterons.

— C’est entendu, répondit Kongre, lorsque la goélette sera en état, nous mettrons notre cargaison à bord. Il n’y a pas à craindre qu’on nous la vole.

— Eh ! Kongre, ne pas oublier qu’ils étaient trois gardiens au phare, et que l’un d’eux nous a échappé.

— Il ne m’inquiète guère, Carcante. Avant deux jours, il sera mort de faim, à moins qu’il ne vive de mousses et de coquillages… D’ailleurs nous refermerons l’orifice de la caverne.

— N’importe, dit Carcante, il est fâcheux que nous ayons des avaries à réparer. Dès demain, la Maule aurait pu reprendre la mer… Il est vrai que, pendant la relâche, quelque navire viendra peut-être se jeter sur la côte, et cela sans qu’on ait même la peine de l’attirer… Et ce qui sera perdu pour lui ne sera pas perdu pour nous ! »

Kongre et ses compagnons ressortirent de la caverne, ils en rapportaient des outils, des morceaux de bordage, des pièces de bois pour réparer les membrures. Puis, après avoir pris la précaution de boucher l’entrée, ils descendirent jusqu’au canot et s’y embarquèrent, au moment où le flot arrivait dans la baie.

L’embarcation déborda aussitôt, et, enlevée par ses avirons, elle ne tarda pas à disparaître derrière une pointe de la rive.

Lorsqu’il n’eut plus la crainte d’être aperçu, Vasquez revint sur la grève. Il savait maintenant tout ce qu’il avait intérêt à savoir, entre autres, deux choses importantes : la première, c’est qu’il pourrait se procurer des provisions en quantité suffisante pour plusieurs semaines ; la seconde, c’est que la goélette avait des avaries, dont la réparation exigerait au moins une quinzaine de jours, davantage peut-être, mais jamais assez longtemps, sans doute, pour qu’elle fût encore là au retour de l’aviso.

Quant à retarder son départ, lorsqu’elle serait prête à reprendre