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LE PHARE DU BOUT DU MONDE.

Et alors, voici les propos qui parvinrent à l’oreille de Vasquez.

« C’est bien ici ?

— Oui. La caverne est là. Vingt pas avant le tournant de la falaise.

— Fameuse chance que ces gens du phare ne l’aient point découverte !

— Ni aucun de ceux qui ont travaillé pendant quinze mois à la construction du phare !

— Ils étaient bien trop occupés au fond de la baie.

— Et puis l’ouverture était si parfaitement obstruée qu’il eût été difficile de la voir.

— Allons », dit le chef.

Deux de ses compagnons et lui remontèrent obliquement à travers la grève, large en cet endroit d’une centaine de pas jusqu’au pied de la falaise.

De sa cachette, Vasquez suivait tous leurs mouvements, prêtant l’oreille pour ne pas perdre une seule parole. Sous leurs pieds craquait le sable semé de coquillages. Mais ce bruit ne tarda pas à cesser, et Vasquez n’aperçut plus que l’homme allant et venant près de l’embarcation.

« Ils ont par là quelque caverne », se dit-il.

Vasquez ne pouvait plus mettre en doute que la goélette n’eût amené une bande d’écumeurs de mer, de pillards établis sur l’Île des États avant les travaux. Était-ce donc dans cette caverne qu’ils avaient caché leurs rapines ?… Et n’allaient-ils pas les emporter à bord de la goélette ?

Soudain, la pensée lui vint qu’il devait y avoir là en réserve des provisions dont il pourrait profiter. Ce fut comme un rayon d’espoir qui se glissa dans son âme. Dès que le canot serait parti pour retourner au mouillage, il sortirait de sa cachette, il chercherait l’entrée de la caverne, il y pénétrerait, il y trouvait de quoi vivre jusqu’à l’arrivée de l’aviso !…