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LA CAVERNE.

savaient en sûreté dans cette crique, et personne ne devait être de garde à bord.

Vasquez suivit alors la rive nord en longeant le pied des falaises. Il n’entendait que le clapotis de la marée descendante, et parfois le cri d’un oiseau attardé qui revenait à son nid.

Il était onze heures, lorsque Vasquez s’arrêta à l’extrémité du cap. Là, sur la grève, il ne trouva d’autre abri qu’une étroite anfractuosité, où il resta jusqu’au lever du jour.

Avant que le soleil eût illuminé l’horizon, Vasquez descendit au bord de la mer et regarda si personne ne venait ni du côté du phare, ni du tournant de la falaise, à l’amorce du cap San Juan.

Tout le littoral était désert, sur les deux rives de la baie. Pas une embarcation ne se montrait, bien que, maintenant, l’équipage de la goélette en eût deux à sa disposition, le canot de la Maule et la chaloupe affectée au service des gardiens.

Aucun bâtiment n’apparaissait au large de l’île.

Il vint à la pensée de Vasquez combien serait désormais dangereuse la navigation aux approches de l’Île des États, puisque le phare ne fonctionnait plus. En effet, les navires arrivant du large ne seraient plus fixés sur leur position. Dans l’espérance d’avoir connaissance du feu établi au fond de la baie d’Elgor, ils feraient route à l’ouest avec confiance, et risqueraient de se jeter sur cette côte redoutable, comprise entre le cap San Juan et la pointe Several.

« Ils l’ont éteint, ces misérables, s’écriait Vasquez, et puisque leur intérêt est de ne pas le rallumer, ils ne le rallumeront pas ! »

C’était, en effet, une circonstance très grave, que cette extinction du phare, et de nature à provoquer des sinistres dont ces malfaiteurs pourraient encore tirer profit pendant leur relâche. Ils n’auraient plus besoin comme autrefois d’attirer les navires par des feux, puisque ceux-ci viendraient sans défiance pour relever le phare.

Vasquez, assis sur un quartier de roche, réfléchissait à tout