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À LA BAIE D’ELGOR.

de l’avant à l’arrière dans la cale pour permettre d’examiner la partie antérieure du vaigrage.

Cet examen fut soigneusement fait par Kongre et Carcante, aidés d’un Chilien, nommé Vargas, qui avait travaillé autrefois comme charpentier dans les chantiers de construction de Valparaiso et connaissait bien ce métier.

Dans toute la portion comprise entre l’étrave et l’emplanture du mât de misaine, aucune avarie ne fut constatée. Varangues, membrure, bordé étaient en bon état ; chevillés en cuivre, ils ne se ressentaient pas du choc de l’échouage sur le banc de sable.

Le lest repoussé vers l’avant, la coque fut trouvée également intacte du mât de misaine au grand mât. Les épontilles n’étaient ni fléchies ni faussées, et l’échelle donnant accès au panneau central n’avait pas été déplacée.

On s’occupa alors du dernier tiers de la cale comprenant le fond de la voûte jusqu’à l’étambot.

Il y avait là une avarie de quelque importance. S’il n’existait pas de voie d’eau, la membrure de bâbord accusait un enfoncement sur une longueur d’un mètre et demi. Cet enfoncement devait provenir d’une collision contre une tête de rocher, avant que la goélette eût été dressée sur le banc de sable. Si le bordage n’avait pas entièrement cédé, si l’étoupe était restée sur place, ce qui avait empêché l’eau de s’introduire dans la cale, cette avarie n’en présentait pas moins une certaine gravité, et un marin devait s’en inquiéter à bon droit.

Une réparation s’imposait donc au moment de reprendre la mer, à moins qu’il ne se fût agi d’une très courte traversée par temps calme. D’ailleurs, il était probable que cette réparation demanderait toute une semaine, en admettant que l’on eût les matériaux et les outils nécessaires au travail.

Lorsque Kongre et ses compagnons surent à quoi s’en tenir, des malédictions justifiées dans les circonstances où l’on se trouvait succédèrent aux hurrahs qui avaient salué le renflouage de