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II

L’ÎLE DES ÉTATS.

L’Île des États, nommée aussi Terre des États, est située à l’extrémité sud-est du nouveau continent. C’est le dernier et le plus oriental fragment de cet archipel magellanique que les convulsions de l’époque plutonienne ont lancé sur ces parages du cinquante-cinquième parallèle, à moins de sept degrés du cercle polaire antarctique. Baignée par les eaux de deux océans, elle est recherchée des navires qui passent de l’un dans l’autre, qu’ils viennent soit du nord-est, soit du sud-ouest, après avoir doublé le cap Horn.

Le détroit de Lemaire, découvert au dix-septième siècle par le navigateur hollandais de ce nom, sépare l’Île des États de la Terre de Feu, distante de 25 à 30 kilomètres. Il offre aux bâtiments un passage plus court et plus facile, en leur évitant les formidables houles qui battent le littoral de l’Île des États. Celle-ci le limite à l’est sur une longueur de dix milles environ[1], du cap Saint-Antoine au cap Kempe, et les navires à vapeur ou à voiles y sont moins exposés qu’en passant au sud de l’île.

L’Île des États mesure trente-neuf milles de l’ouest à l’est depuis le cap Saint-Barthélemy jusqu’au cap San Juan, sur onze de largeur entre les caps Colnett et Webster.

Le littoral de l’Île des États est extrêmement déchiqueté. C’est une succession de golfes, de baies et de criques dont l’entrée est parfois défendue par des cordons d’îlots et de récifs. Aussi,

  1. Environ 19 kilomètres.