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de gabès à tozeur.

On suivait les berges du canal, tantôt l’une, tantôt l’autre, déjà moins élevées que dans la partie du seuil de Gabès plus rapprochée du golfe. Uniquement formées de terre très meuble ou de sable peu consistant, nul doute qu’elles ne résisteraient pas à la poussée des eaux si le courant acquérait de la force. Ainsi que cela avait pu être prévu par les ingénieurs et redouté par les indigènes, le canal s’élargirait de lui-même, ce qui abrégerait le temps nécessaire à la complète inondation des deux chotts. Mais, en somme, le lit du canal paraissait solide, ce que put constater M. de Schaller. C’était plutôt dans la traversée de la grande sebkha tunisienne que les couches molles avaient rendu le creusement plus rapide que dans les terrains riverains de la Petite-Syrte.

Le pays présentait toujours le même caractère de solitude et de stérilité qu’au sortir de l’oasis de Gabès. Parfois quelques forêts de dattiers, et des plaines hérissées de ces touffes d’alfas qui sont la véritable richesse du pays.

Depuis le départ, l’expédition s’était dirigée vers l’ouest pour atteindre, en longeant le canal, la dépression désignée sous le nom de Fedjedj, de manière à gagner la bourgade La Hammâ. Cette bourgade, il ne faut pas la confondre avec une autre du même nom située à l’extrémité orientale du Rharsa, et que l’expédition visiterait après la complète traversée du Fedjedj et du Djerid.

C’est au sud du canal, à La Hammâ, que le capitaine Hardigan vint prendre ses logements pour la nuit, après les deux étapes régulières de la journée du 18 mars.

Les diverses bourgades de cette région occupent toutes des positions identiques au milieu de petites oasis. De même que les villages, elles sont entourées de murs de terre, qui leur permettraient de résister aux agressions des nomades et même à l’attaque des grands fauves africains.

Il n’y avait là que quelques centaines d’habitants indigènes,