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de gabès à tozeur.

tracé du canal sur tout son parcours, de vérifier où en étaient les choses jusqu’au chott Rharsa, d’abord, puis jusqu’au chott Melrir, ne devait cheminer qu’à petites journées. S’il est vrai que les caravanes, allant d’oasis en oasis, contournant au sud les montagnes et les plateaux de l’Algérie et de la Tunisie, enlèvent jusqu’à quatre cents kilomètres en dix ou douze jours, l’ingénieur entendait bien ne point en faire plus d’une douzaine par vingt-quatre heures, car il avait à tenir compte du mauvais état dans lequel se trouvaient les pistes et les anciennes routes le long des travaux.

« Nous n’allons pas faire des découvertes, disait M. de Schaller, mais plus exactement nous rendre compte de l’état présent des travaux que nous ont laissés nos devanciers…

— C’est parfaitement entendu, mon cher ami, lui répondit le capitaine Hardigan, et, d’ailleurs, depuis longtemps il n’y a plus rien à découvrir dans cette partie du Djerid. Mais, en ce qui me concerne, je ne suis pas fâché de la visiter une dernière fois avant qu’elle ne se soit transformée ! Gagnera-t-elle au change ?…

— Assurément, capitaine, et s’il vous plaît d’y revenir…

— Dans une quinzaine d’années…

— Non, je suis convaincu que bientôt vous retrouverez l’animation de la vie commerciale là où ne se rencontrent encore que les solitudes du désert…

— Ce qui avait son charme, mon cher compagnon…

— Oui… si toutefois l’abandon et le vide peuvent charmer…

— Un esprit comme le vôtre, non sans doute, répondit le capitaine Hardigan, mais qui sait si les vieux et fidèles admirateurs de la nature n’auront pas lieu de regretter ces transformations que le genre humain lui impose !…

— Eh bien, mon cher Hardigan ne vous plaignez pas trop, car si tout le Sahara eût été encore d’un niveau inférieur à celui de la Méditerranée, soyez sûr que nous l’aurions transformé en Océan