Page:Verne - L’Invasion de la mer.djvu/63

Cette page a été validée par deux contributeurs.
51
la mer saharienne.

formés par les vapeurs de la nouvelle mer se résoudraient en pluies bienfaisantes sur toute la région au profit de son rendement agricole. De plus, ces dépressions des sebkha tunisiennes de Djerid et de Fedjedj, des chotts algériens de Rharsa et de Melrir, actuellement marécageuses, s’assainiraient sous la profonde couche des eaux permanentes. Après ces améliorations physiques, quels gains commerciaux ne recueillerait pas cette région transformée par la main de l’homme ?… Enfin M. Roudaire faisait à bon droit valoir ces dernières raisons : c’est que la région au sud de l’Aurès et de l’Atlas serait pourvue de voies nouvelles, où la sécurité des caravanes trouverait des conditions plus sérieuses, c’est que le commerce, grâce à une flottille marchande, se développerait dans toute cette contrée dont les dépressions interdisaient jusqu’ici l’accès, c’est que les troupes, mises à même de débarquer au sud de Biskra, assureraient la tranquillité en accroissant l’influence française en cette partie de l’Afrique.

« Et pourtant, reprit le conférencier, bien que ce projet d’une mer intérieure ait été étudié avec un soin scrupuleux, bien que la plus rigoureuse attention eût présidé aux opérations géodésiques, de nombreux contradicteurs voulurent nier les avantages que la région tirerait de ce grand travail. »

Et M. de Schaller reprit un à un les arguments reproduits dans les articles de différents journaux à l’époque où avait commencé une guerre sans merci à l’œuvre du capitaine Roudaire.

Et d’abord, disait-on, telle était la longueur, du canal qui conduisait les eaux du golfe de Gabès au chott Rharsa, puis au chott Melrir, telle serait la contenance de la nouvelle mer, soit vingt-huit milliards de mètres cubes, que les dépressions ne pourraient être jamais remplies.

Puis, on a prétendu que, peu à peu, l’eau salée de la mer Saharienne s’infiltrerait à travers le sol des oasis voisines, et, remontant à la surface par un effet naturel de capillarité, détruirait les