Page:Verne - L’Invasion de la mer.djvu/54

Cette page a été validée par deux contributeurs.
42
l’invasion de la mer

« Va », dit-elle, en tendant la main vers les sombres régions du Djerid.

Un moment après, Hadjar, Horeb et Harrig avaient disparu au milieu de l’obscurité.

Jusqu’au matin, la vieille Targui demeura avec Sohar dans le marabout. Elle avait voulu qu’Ahmet retournât à Gabès. L’évasion de son fils était-elle connue ?… La nouvelle se répandait-elle dans l’oasis ?… Les autorités avaient-elles envoyé des détachements à la poursuite du fugitif ?… En quelle direction à travers le Djerid irait-on le chercher ?… Enfin allait-on recommencer contre le chef touareg et ses partisans la campagne qui avait déjà été entreprise, et avait amené sa capture ?…

Voilà ce que Djemma tenait tant à savoir avant de reprendre la route vers le pays des chotts. Mais Ahmet ne put rien apprendre, tandis qu’il rôdait aux approches de Gabès. Il s’avança même jusqu’en vue du bordj ; il repassa par la maison du mercanti, lequel sut alors que la tentative avait réussi et que, libre enfin, Hadjar courait à travers les solitudes du désert.

D’ailleurs, le mercanti n’avait pas encore entendu dire que cette nouvelle de l’évasion eût été ébruitée, et, assurément, il devait être un des premiers à l’apprendre.

Cependant, les premières lueurs de l’aube ne tarderaient pas à éclaircir l’horizon à l’est du golfe. Ahmet ne voulut pas s’attarder plus longtemps. Il importait que la vieille femme eût quitté le marabout avant le jour, car elle était connue et, à défaut de son fils, elle aurait été de bonne prise.

Ahmet la rejoignit donc lorsque l’obscurité était profonde encore et, guidée par lui, elle reprit le chemin des dunes.

Le lendemain, un des canots du croiseur se rendit au port pour effectuer le transport du prisonnier à bord.

Lorsque le gardien eut ouvert la porte de la cellule occupée par Hadjar, il ne put que signaler la disparition du chef touareg. Dans quelles conditions l’évasion s’était-elle produite, cela ne