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l’invasion de la mer

suivre la base des dunes, on ne rencontrerait âme qui vive jusqu’au marabout.

Un peu après, Sohar et Harrig sortirent du cabaret. Ils savaient en quel endroit se trouvait le canot du mercanti et ils préféraient que celui-ci ne les accompagnât point : il aurait pu être aperçu de quelque passant attardé.

Il était environ neuf heures. Sohar et son compagnon remontèrent vers le fort, dont ils longèrent l’enceinte dans la partie orientée vers le sud.

À l’intérieur comme à l’extérieur, le bordj paraissait tranquille et tout tumulte se fût fait entendre au milieu de cette atmosphère si calme que ne traversait pas le moindre souffle, si obscure aussi, car d’épais nuages immobiles et lourds couvraient le ciel d’un horizon à l’autre.

Ce fut seulement à leur arrivée sur la grève que Sohar et Harrig retrouvèrent quelque animation. Des pêcheurs passaient, les uns revenant avec le produit de leur pêche, les autres rejoignant leurs embarcations pour gagner le milieu du golfe. Çà et là des feux piquaient l’ombre et se croisaient en tous sens. À un demi-kilomètre la présence du croiseur Chanzy s’indiquait par ses puissants fanaux qui traçaient des traînées lumineuses à la surface de la mer.

Les deux Touareg prirent soin d’éviter les pêcheurs et se dirigèrent vers un môle en construction à l’extrémité du port.

Au pied du môle était amarrée l’embarcation du mercanti. Ainsi qu’il avait été convenu, Harrig, une heure avant, s’était bien assuré qu’elle se trouvait à cette place. Deux avirons s’allongeaient sous les bancs, et il n’y avait plus qu’à embarquer.

Au moment où Harrig allait retirer le grappin, Sohar lui saisit le bras. Deux hommes de la douane en surveillance sur cette partie de la grève s’avançaient de ce côté. Peut-être connaissaient-ils le propriétaire du canot et se fussent-ils étonnés à voir Sohar et son compagnon en prendre possession. Mieux va-