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hadjar.

D’après les renseignements, Hadjar, que sa mère accompagnait, devait avoir une centaine d’hommes, mais, bien que le capitaine Hardigan en eût près de moitié moins, ni ses spahis, ni lui, n’hésiteraient à l’attaquer. La proportion d’un contre deux n’est pas pour effrayer des troupes d’Afrique, et elles se sont souvent battues dans des conditions inférieures.

Ce fut bien ce qui arriva en cette occasion, lorsque le détachement eut atteint les environs de Ferkane. Hadjar avait été prévenu et, sans doute, il ne se souciait pas d’affronter la lutte. N’était-il pas préférable de laisser l’escadron s’engager plus avant dans ce pays difficile des grands chotts, de le harceler par d’incessantes agressions, de faire appel aux Touareg nomades qui parcourent ces régions et qui ne refuseraient point de rejoindre Hadjar, si connu de toutes les tribus touareg ? D’autre part, du moment qu’il était tombé sur ses traces, le capitaine Hardigan ne les abandonnerait pas et poursuivrait aussi loin qu’il le faudrait.

En conséquence, Hadjar avait résolu de se dérober et, s’il parvenait à couper la retraite de l’escadron, après avoir recruté de nouveaux partisans, il parviendrait sans doute à anéantir la petite troupe envoyée contre lui. Et ce serait une nouvelle et plus déplorable catastrophe ajoutée à celle de Carl Steinx.

Cependant, le plan de Hadjar fut déjoué, alors que la bande cherchait à remonter le cours de l’oued Sokhna, afin de gagner dans le nord la base du Djebel Cherchar. Un peloton, conduit par le maréchal des logis-chef Nicol, auquel Coupe-à-cœur avait donné l’éveil, se mit en travers de la route. La lutte s’engagea et le reste du détachement ne tarda pas à y prendre part. Coups de carabines et coups de fusils éclatèrent, auxquels se mêlèrent les détonations des revolvers. Il y eut des morts du côté des Touareg et des blessés du côté des spahis. Une moitié des Touareg, forçant l’obstacle, parvint à fuir, mais leur chef n’était pas avec eux.

En effet, à l’instant où Hadjar tentait de rejoindre ses compagnons de toute la vitesse de son cheval, le capitaine Hardigan