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ses rives et celles de la Farfaria que l’inondation n’aurait pas submergées.

Or, la seconde nuit de navigation sur le Melrir, mis en éveil par les flammes, le commandant avait pris direction sur le tell, mais, sur cette mer nouvelle et avec son équipage peu nombreux, il avait renvoyé, au lever du jour, malgré les instances de Villette, toute communication avec l’îlot, et maintenant les fugitifs, sains et saufs, étaient tous à bord.

L’aviso, dès qu’il eût reçu ses nouveaux passagers, reprit la route de Tozeur, où le commandant voulait les déposer et faire parvenir de là, par voie rapide, des renseignements à ses chefs avant de reprendre son voyage de reconnaissance jusqu’aux limites du Melrir.

Ce fut donc quand M. de Schaller et ses compagnons débarquèrent à Tozeur que le capitaine Hardigan retrouva les hommes de son détachement. Et avec quelle joie ils le reçurent, ses compagnons et lui !

Même l’introuvable colonne de Biskra était représentée par une dépêche arrivée par Tunis, et dans laquelle Pointar, obligé de rétrograder avec ses hommes jusqu’à Biskra, demandait de nouvelles instructions.

Ce fut là aussi que Va-d’l’avant, le vieux frère, revit Coupe-à-cœur, et quels témoignages de satisfaction échangèrent les deux amis, cela ne saurait s’exprimer !

Et tout cela au milieu d’une foule le plus souvent enthousiaste, mais toujours surexcitée par tous les événements qui avaient entouré ce cataclysme, et qui se pressait autour des premiers explorateurs de la mer nouvelle.

Tout à coup, l’ingénieur trouva en face de lui un inconnu qui s’était frayé un chemin en jouant des coudes ; qui le salua d’abord très bas et tout aussitôt lui dit avec un fort accent exotique :

« C’est bien à M. de Schaller, parlant à sa personne, que j’ai l’avantage de m’adresser ?