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dénouement.

Cette explication devait être exacte. On se trouvait en présence d’un phénomène sismique dont l’importance échappait encore. Et, par l’effet de ces perturbations, il était possible que la mer Saharienne se fût faite d’elle-même et plus vaste que le capitaine Roudaire ne l’avait rêvée…

D’ailleurs, un nouveau tumulte, lointain encore, emplissait l’espace.

Ce n’était plus à travers le sol, c’était à travers les airs qu’il se propageait avec une rumeur croissante.

Et voici que soudain, dans le nord-est, s’élève un nuage de poussière et de ce nuage sort bientôt une troupe de cavaliers, fuyant comme avaient fui les animaux, à toute vitesse.

« Hadjar ! » s’écria le capitaine Hardigan.

Oui ! le chef targui, et, si ses compagnons et lui détalaient bride abattue, c’était pour échapper aux tourbillons d’un monstrueux mascaret qui se dressait derrière eux, en se développant sur toute la largeur du chott.

Deux heures s’étaient écoulées depuis le passage des animaux et le soleil allait disparaître. Au milieu de l’inondation grandissante le tell n’était-il pas le seul refuge qui s’offrît à la bande de Hadjar — un îlot au milieu de cette nouvelle mer…

Assurément, Hadjar, les Touareg, qui n’en étaient qu’à un kilomètre, l’avaient aperçu et ils se dirigeaient vers lui dans un galop échevelé. Parviendraient-ils à l’atteindre avant le mascaret et que deviendraient alors les fugitifs que son bouquet d’arbres abritait depuis la veille ?…

Mais la montagne liquide courait plus vite, un véritable raz de marée, une succession de lames écumantes, d’une irrésistible puissance, et d’une telle vitesse que les meilleurs chevaux n’auraient pu la dépasser.

C’est alors que le capitaine et ses compagnons furent témoins de ce terrible spectacle : cette centaine d’hommes, rejoints par le mascaret au milieu d’un flot d’écume. Puis, tout ce pêle-mêle de