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le tell.

fragés jetés sur un îlot inconnu, et sans savoir s’ils pourraient le quitter ? Au pied de ce tell rencontreraient-ils des passes praticables ?… Le jour venu, devraient-ils s’aventurer encore sur un sol mouvant ?… Et, qui sait même si, dans la direction de Goléah, le fond du chott ne s’abaissait pas davantage ?…

« À quelle distance estimez-vous que se trouve Goléah ?… demanda le capitaine Hardigan à l’ingénieur.

— À douze ou quinze kilomètres, répondit M. de Schaller.

— Nous aurions donc fait la moitié du parcours ?…

— Je le pense ! »

Avec quelle lenteur s’écoulaient les heures de cette nuit du 26 au 27 avril ! L’ingénieur et l’officier durent envier leurs compagnons que la fatigue plongeait dans un lourd sommeil dont l’éclat de la foudre ne les eût pas tirés. D’ailleurs, malgré l’état électrique de l’atmosphère, aucun orage ne se déclara, et, cependant, bien que la brise fût tombée, il se produisait certaines rumeurs qui troublaient le silence.

Il était à peu près minuit lorsque ces rumeurs, auxquelles vinrent bientôt se joindre des bruits plus accentués, se firent entendre.

« Que se passe-t-il donc ?… demanda le capitaine Hardigan en se redressant au pied de l’arbre contre lequel il s’accotait.

— Je ne sais trop, répondit l’ingénieur. Est-ce un orage éloigné ?… Non ! il semble plutôt que certains roulements se propagent à travers le sol ! »

Il n’y aurait rien eu là d’étonnant. On ne l’a point oublié lorsque s’effectuèrent les travaux de nivellement, M. Roudaire avait constaté que la surface du Djerid subissait des oscillations d’une amplitude assez considérable, qui gênèrent plus d’une fois ses opérations. Ces oscillations étaient dues sans doute à quelque phénomène sismique qui s’accomplissait dans les couches inférieures. Il y avait donc lieu de se demander si une perturbation de ce genre n’allait pas troubler les fonds si peu stables de cette hofra, l’une des plus accentuées du Melrir…